Pendant ce temps au Congo Brazzaville, un autre établissement de microfinance (EMF) constitué en réseau a capté 399 milliards de FCFA, le tout au cours de l’année 2024.
Le marché des établissements de la microfinance (EMF) dans la Communauté économique et monétaire des Etats de l’Afrique centrale (Cemac) est dynamique. Des documents de la Commission bancaire de l’Afrique centrale (Cobac), l’on apprend qu’en 2024, ce pan de l’économie a encore prouvé son dynamisme, malgré les normes prudentielles qui restent à parfaire.
Les dépôts collectés enregistrent une hausse de 1,8 % par rapport au niveau atteint un an plus tôt, et s’élèvent à 1515 milliards de FCFA et représentent 74 % du total des passifs des bilans agrégés en 2024. « Le Tchad, le Gabon et le Congo affichent une croissance qui ressort respectivement à 51,1 %, 21 % et 2,6 %. Cependant, les autres pays (Cameroun, Centrafrique et Guinée Equatoriale) ont enregistré respectivement une baisse de 1,2 %, 12 % et 24 % de cet agrégat », indique la Cobac.
Qui note une forte concentration des dépôts. Dans le détail, dix établissements collectent 73 % des dépôts du secteur en 2024, cinq réseaux cumulent 61 % des dépôts du secteur. « Avec 399 milliards de FCFA, un EMF en réseau du Congo est le plus gros collecteur de dépôts, représentant 26 % du total des dépôts collectés dans la région CEMAC », révèle gendarme financier de la Cemac.
Il est à noter que les EMF de deuxième catégorie ont collecté 179 milliards de FCFA à fin 2024, soit 12 % du total des dépôts de la CEMAC. Ils couvrent les besoins de niches spécifiques (fonctionnaires, entrepreneurs individuels, très petites et moyennes entreprises, produits d’épargne compétitifs, etc.) notamment dans les zones urbaines et semi-urbaines.
Hausse de l’encours des crédits
De l’avis de la Cobac, les crédits bruts pointent 1039 milliards de FCFA en 2024, en hausse de 87 milliards de FCFA (+9 %) par rapport au niveau atteint un an plus tôt et représentent 50,4 % du total bilan des EMF de la CEMAC. « Cette hausse du volume des crédits est de 41 milliards de FCFA (soit +6,6 %) au Cameroun, 22 milliards de FCFA (+24,5 %) au Gabon, 15 milliards de FCFA (+7,1%) au Congo, 8 milliards de FCFA (+48%) au Tchad et 0,18 milliard de FCFA (+2,1 %) en Centrafrique », observe la Cobac.
Qui ajoute : « l’analyse concernant l’octroi de crédits par les EMF dans la CEMAC montre que dix établissements distribuent 69 % du total des crédits dont cinq réseaux d’EMF, pour environ 53 % des crédits, en raison de leur large couverture géographique et du nombre élevé de leurs adhérents. Un de ces réseaux installé au Congo totalise à lui seul 20% de l’encours brut soit 203 milliards de FCFA, cinq EMF de deuxième catégorie totalisent 16 % des crédits, soit 168 milliards de FCFA. »
L’encours des crédits a augmenté certes. Mais de nombreux EMF ne respectent pas toujours à fond des normes prudentielles. Ce volet révèle que 24 % des EMF ont un ratio de couverture des risques inférieur au minimum réglementaire de 10 % contre 11 % un an plus tôt; 80 % des EMF de première catégorie (contre 67 % en 2023) sont en infraction vis-à-vis de la norme relative à la constitution du fonds de solidarité, 37 % des EMF (contre 21 % un an plus tôt) sont en infraction à l’égard du ratio de couverture des immobilisations, 12 % des EMF (contre 4 % un an auparavant) ne respectent pas la limite globale de ce ratio fixée à 800 %, 34 % des EMF (contre 13 % un an auparavant) enfreignent la limite individuelle du ratio de division des risques fixée à 15 % (pour les EMF de 1ière catégorie) et 25 % (pour les EMF de 2ème et 3ème catégorie) et 28 % des EMF (contre 12 % en an plus tôt) affichent un rapport de liquidité inférieur au minimum réglementaire de 100 %.
En 2024, le secteur de la microfinance de la CEMAC compte 521 établissements agréés et en activité, répartis entre le Cameroun (384), la Centrafrique (12), le Congo (46), le Gabon (18), la Guinée Equatoriale (2) et le Tchad (59), indique la Cobac dans son rapport annuel 2024.
Aloys Onana


