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Embouteillages à Bonabéri, indignation de la communauté des affaires et appel urgent à une réponse coordonnée, le contenu de la lettre de Célestin Tawamba à Emmanuel Nganou Djoumessi

by EDC
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Le 15 septembre 2025, le patron des patrons du Cameroun a adressé une missive au ministre des Travaux publics. Une lettre – qui en principe n’était pas destinée à la presse et s’y retrouve- interpelle le membre du gouvernement au plus haut point. Tout le courrier.

Excellence Monsieur le Ministre,

Nous avons le triste honneur de revenir vers vous, à la suite de nos précédentes correspondances, et à la lumière de vos récentes visites de terrain à Douala, notamment sur les axes critiques desservant les entrées Est et Ouest de la ville.

Ces déplacements avaient suscité un espoir légitime parmi les usagers et les acteurs économiques, au regard de vos annonces claires, faites à grand renfort de publicité, concernant la réhabilitation des tronçons les plus dégradés de la zone de Bonabéri. Vous aviez notamment prescrit à l’entreprise de travailler de nuit, ainsi que durant la pluie en raison de matériaux adaptés.

Pourtant, à la lumière des événements survenus le samedi 13 septembre 2025 à Bonabéri, il est de notre devoir de vous faire part, sans détour, de l’indignation profonde de la communauté des affaires et de milliers de citoyens.

Ce jour-là, sur le tronçon allant de l’échangeur de Bekoko au pont du Wouri, des milliers d’usagers en provenance du Sud-Ouest, du Nord-Ouest et de l’Ouest, ou en direction inverse, ont vécu un véritable calvaire, mettant jusqu’à 10 heures pour parcourir à peine 5 kilomètres, pour les plus téméraires.

Les images de ces passagers contraints de descendre des bus bien avant leur terminus, et portant sur leurs têtes les vivres qu’ils ramenaient à leurs familles, ont choqué par leur intensité, rappelant de manière troublante, celles des populations civiles fuyant les massacres durant le génocide au Rwanda dans les années 1994.

La situation vécue le samedi 13 septembre 2025 tend malheureusement à devenir la norme. Elle témoigne clairement d’une désorganisation persistante, et d’une absence flagrante de coordination entre les services concernés par la fluidité de la circulation, notamment le Groupement Régional de la Voie Publique et de la Circulation.

Il serait tentant de faire porter l’essentiel de la responsabilité de cette situation sur l’incivisme des usages de la route, souvent pointé du doigt. Certes, certains comportements inadéquats peuvent aggraver les choses, mais après trois ou quatre heures passées au volant, à l’arrêt, sous la pluie ou la chaleur, chacun comprendra que la patience s’émousse et que l’instinct de survie prend parfois le pas sur la discipline.

Comment comprendre que des travaux de l’envergure de ceux engagés sur les ronds-points à Bonabéri, soient menés sans une gestion efficace des flux, sans anticipation des goulots d’étranglement en période de weekend, et surtout sans le moindre encadrement visible des services compétents en matière de sécurité et de régulation de la circulation ?

Excellence Monsieur le Ministre,

L’atteinte à la liberté d’aller et venir constitue, dans tout pays, l’un des facteurs les plus puissants de frustration populaire. Lorsqu’elle devient quotidienne, brutale, imprévisible, elle nourrit la colère, la défiance et la tentation du désordre. Et c’est bien là le danger : ce qui se vit à Bonabéri, et plus largement sur les accès à Douala, dépasse le simple cadre des travaux publics. Il s’agit désormais d’une atteinte aux fondements mêmes de la stabilité sociale.

Les conséquences économiques et humaines de cette situation sont alarmantes :

• Un ralentissement, voire un arrêt temporaire des activités économiques dans une zone névralgique…

• Une explosion des coûts logistiques et de transport, avec des répercussions sur les prix à la consommation

• Une détresse croissante des populations contraintes d’abandonner leurs véhicules pour marcher des heures dans des conditions indignes…

• Et, surtout, un risque réel de désengagement des investisseurs, qui n’ont ni la patience ni l’obligation de subir de telles conditions.

Le Patronat qui s’exprime par ma modeste voix, ne remet nullement en cause la nécessité des travaux engagés, ni la volonté du Gouvernement de bien faire. Mais force est de constater que le remède est en train de devenir plus douloureux que le mal qu’il prétend soigner.

C’est pourquoi, nous vous appelons respectueusement, mais fermement, à interpeller l’ensemble des parties prenantes : Autorités administratives locales, Forces de maintien de l’ordre, Entreprises adjudicataires, pour que soit enfin mise en place une véritable gouvernance de crise de ces chantiers.

Il en va de l’efficacité des chantiers en cours, mais plus encore de la paix sociale et de la stabilité économique dans la région stratégique du Littoral

Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de notre considération distinguée.

Célestin Tawamba

Président du GECAM

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