Face au délabrement très avancé du réseau routier de la capitale économique, Roger Mbassa Ndine lance un plan d’urgence de réhabilitation des voiries.
Le constat émane de Roger Mbassa Ndine, le maire de la ville de Douala (MDV). « Le réseau routier s’est totalement effondré » à Douala. En effet, dans la capitale économique du Cameroun – une ville qui génère au niveau national un produit local brut (PLB) de 3092 milliards de FCFA, soit 31,2 % du produit intérieur brut national, il est désormais coutume de voir des camions de marchandises se renverser, des bus de transport interurbain s’embourber, des files d’embouteillages sont interminables du fait du mauvais état des routes.
Une situation malheureuse, que le chef de l’exécutif de la Communauté urbaine explique en mettant à l’index, le système de gouvernance public, dans un pays où tout se décide à Yaoundé. C’est dans la capitale politique- à plus de 250 Km de la capitale économique – que la passation des marchés publics a son siège. Les délais, se plaint Roger Mbassa Ndine, « sont excessivement longs. » La durée moyenne pour passer un marché public oscille entre cinq et six mois.

Pour l’illustrer, le super maire met sur la table deux cas. Lorsqu’il arrive à la CUD en mars 2020, rappelle-t-il, Douala compte près de 500 km de routes en piteux état. Il fallait 175 milliards de FCFA pour redresser la situation. Des fonds que la mairie de la ville n’avait pas. D’où la priorisation de mettre à jour au moins 130 à 225 Km. Là encore des fonds étaient insuffisants. Tout de même en cinq ans, 97 milliards de FCFA vont être injectés pour 135 km.
Là où Roger Mbassa Ndine va rencontrer un os, c’est dans son souci de créer la régie des routes. Un segment particulier de la CUD qui n’aura pour seule mission que de s’occuper des routes. Ladite régie a été créée en 2021. Du fait de l’hypercentralisation du management public du Cameroun à Yaoundé, c’est en 2024 que l’idée sera approuvée, non sans d’autres blocages.
C’est le cas de l’achat des engins lourds qui devraient être affectés à la régie des routes. Le MDV révèle qu’il a contracté un prêt bancaire de 6 milliards de FCFA. La CUD a déjà remboursé la moitié desdits fonds à la banque, mais des engins, eux, ne sont pas disponibles. La mairie de la ville « se trouve donc entrain de louer des engins et fait face à des factures lourdes », se lamente le patron de la CUD.
Conséquences de toutes ces lenteurs administratives, le réseau routier est totalement dégradé, si bien qu’il y a eu une altercation après qu’une moto taxi se soit renversée dans une marre d’eau créée sur la chaussée à Ndokoti. « Certains ont pensé que c’est le plongeon dans la boue qui a poussé à l’action. Non. Ce n’est pas en réaction, c’est parce que c’était déjà planifié », se dédouane le super maire.
Plan d’urgence des routes
Face à la colère des habitants de Douala, le MDV annonce le lancement d’un « plan d’urgence de réhabilitation des voiries de Douala ». La liste des chantiers programmés est longue, plus d’une quinzaine : Makèpè (cours suprême), PK 11, 12, 13, route Japoma (boulangerie Saker Logbaba -école publique Ndoghem, station Gulfin, Deux poteaux, carrefour Rhône poulenc-Kotto immeuble, Fin goudron Bangue, boulevard de l’aviation, Rue Kotto etc.

La plupart de ces travaux seront faits en pavés. Des raisons à ce sujet indiquent que c’est le matériau le mieux adapté à la structure du sol de Douala où, par an, l’on a entre 230 et 250 jours de précipitations, une forte pluviométrie avec 4400 mm d’eau dans l’année, selon la monographie (2018) de la CUD.
La multiplication des chantiers routiers, indique le MDV, pourrait permettre de redonner une nouvelle image à ville où le PLB par habitant est de l’ordre 1,6 million FCFA, soit près de 2,8 fois le PIB par habitant au niveau national.
En rappel et selon la CUD, le secteur formel domine à Douala, il dégage une valeur ajoutée de 1945 milliards de FCFA, soit 63 % de la richesse créée dans cette ville. Dans l’ensemble du PIB national, le secteur des entreprises de Douala génère 46,3 % de la richesse créée par les entreprises camerounaises. La « capitale » de la Communauté économique et monétaire des Etats de l’Afrique centrale a donc besoin des routes, elle a besoin de ce plan d’urgence de réhabilitation des voiries.
Aloys Onana


