Le Groupement des entreprises du Cameroun (GECAM) pense qu’à l’heure de la multiplication des ports dans la sous-région, le port autonome de Kribi doit jeter ses filets sur un segment précis qui lui permettra de se démarquer.
Le Groupement des entreprises du Cameroun (Gecam) était, le 24 janvier, en visite de travail au port autonome de Kribi (PAK). Un moment pour toucher du doigt cet espace portuaire cité en modèle par Paul Biya le 31 décembre 2024 lors de son adresse à la nation. Des mots élogieux qui sont également tombés dans les oreilles de ceux qui créent la valeur ajoutée au Cameroun.
Pour aller loin et donner plus de notoriété et d’attractivité au PAK, le Gecam a son idée. « Nous devons rappeler à nos compatriotes que le Cameroun doit se développer avec ses enfants. J’ai la chance d’être installé au port de Pointe Noire. La problématique demain ne va plus être une question d’investissement, mais de compétitivité. La question du coût. Nous avons noté beaucoup d’investissements qui sont faits, beaucoup d’argent circule, beaucoup de milliards. C’est très bien. Mais nous voulons avoir l’impact sur les coûts : est-ce que ça coute moins cher d’être à Kribi qu’à Douala, qu’à Pointe Noire. C’est ça l’enjeu de demain », observe Célestin Tawamba, président du Gecam.
Qui ajoute. « Nous souhaitons que les investissements qui sont faits aient un tableau où l’on nous montre que lorsqu’on investit, les coûts baissent. Nous souhaitons que l’on examine comment faire baisser les coûts. »
En attendant, le PAK depuis six ans, accroche de nombreux investisseurs. « Le PAK est en opération depuis 2018. Très exactement c’est le 18 mars 2018 que nous avons accueillis le premier navire. En mars 2025, nous aurons 7 ans. Depuis ce temps-là dans des conditions que vous imaginez difficiles, dans un environnement tout autant difficile, nous avons fait les premiers pas », esquisse Patrice Melom, Directeur général du PAK.
L’essentiel du bilan de cet espace portuaire est dévoilé. Sur le plan infrastructurel, le PAK est constitué d’un terminal polyvalent, terminal à conteneurs, des terminaux ofshore. « Nous sommes desservis-ça c’est le point faible – mais quand même l’histoire retiendra que le bout d’autoroute Kribi-Mboro représente aujourd’hui la première autoroute nationale. Nous sommes alimentés par une ligne électrique de 30 kilo volt qui a permis de couvrir la phase un, mais ça demeure un point d’attention pour nous : la connectivité et la fourniture d’énergie », confesse le maitre de céans.
Au plan de la logistique industrielle, l’on recense déjà une vingtaine d’unités industrielles excellant dans la transformation du cacao destiné à l’export, le montage d’engins lourds, la fabrication de ciment, le traitement de bois, la transformation de blé, plusieurs milliers d’entrepôts, de stockage etc. Sur les enjeux de la sécurité et de la fluidité des opérations, le PAK dit être certifié ISPS et a lancé un système d’information portuaire. Cette plateforme a contribué à la mise en œuvre de la politique de digitalisation des procédures qui est effective aujourd’hui. Sur l’impact social, le PAK revendique la création de 5000 emplois directs et près de 10.000 emplois indirects et induis, la mise en place d’un programme d’accompagnement socio-économique des populations riveraines.
Sur l’attractivité du pays et le rayonnement sous régional, la captation de plus de 200 milliards de FCFA d’investissement directs étrangers, l’érection de la façade maritime camerounaise en hub sous régional grâce notamment au transbordement à Kribi des conteneurs à destination des ports du Nigeria, Gabon, Congo (Brazzaville) et bien d’autres pays du golfe de guinée. Pour ce qui est des contributions à la richesse nationale, le DG du PAK révèle la collecte de 900 milliards de FCFA des droits de douane, passant ainsi de 2 milliards en 2017 quand le port n’existait pas à 300 milliards pour l’année 2024. « Je pense que l’ascension est palpable. En 2024, nous avons donc 302 milliards de FCFA des droits de douane et je pense c’était un record avec l’infrastructure que nous avions en phase un. C’est un bilan pour nous qui est encourageant et nous le devons à vous, le patronat camerounais qui nous avez fait confiance en faisant du port de Kribi un allié stratégique dans le développement de vos activités », reconnaît le DG du PAK.

« Je dois malheureusement blesser la modestie de mon frère Célestin, mais je dois le dire, si aujourd’hui le port de Kribi est ici à ce niveau, c’est parce qu’il y a des gens qui nous ont fait confiance dans des conditions très difficiles. Le frère Célestin est parmi ceux-là. Je me souviens à sa première visite, après avoir fait le tour, il avait dit que ce qui est envisagé à Kribi est tout simplement formidable et qu’il en fera écho. Il a plus que fait écho. Il a prêché par l’exemple. Il en est de même de mon frère Gabriel Manimben qui est vraiment parmi les pionniers. On va dire, on devrait en faire des propriétaires de cette affaire. »
Perspectives heureuses

Pour le Gecam, un accent particulier doit être mis sur la gouvernance pour que des ruptures de contrats comme le cas du Tchad ne relève plus que d’un triste passé. « Avec ces contrats qui s’en vont (le Tchad), cela donne un message à l’attractivité de notre économie lié à la problématique du corridor, cela a des impacts extrêmement négatifs sur tout le travail que vous êtes entrain de faire. C’est pour dire que bien qu’on ait intégré les problématiques de connexion qui sont, on ne peut plus essentielles, nous avons eu, compte tenu de notre droit d’ingérence, interpellé les pouvoirs publics sur la qualité de cette route (Douala-Kribi). Ce n’est pas un problème accessoire, c’est indispensable. Ce problème de corridor est essentiel, nous devons tous ensemble faire en sorte que ces problématiques soient réglées », confie le patron des patrons du Cameroun.

S’agissant du foncier, le PAK confie disposer de 15.000 hectares. Aujourd’hui, indique le manager en chef, le port de Kribi est en passe de rejoindre sa vocation initiale car à la base, c’est un port industriel. « Ce que nous avons commencé et poursuivre avec la zone industrielle, c’est déjà ça, mais le gros viendra de l’exploitation de nos ressources naturelles, notamment les mines de fer, de cobalt et je suis heureux de vous annoncer que il y a toute les chances que, au courant de cette année, sur le terminal polyvalent justement, on ait les premiers minerais de bateaux qui exportent du Cameroun et ce sera fait par un compatriote, monsieur Dieudonné Bogne. La zone industrielle que nous allons déployer sur 15 ans doit remonter le PIB, au départ entre 5 et 8 % et en 2040, ce sera bien au-delà. Nous pensons que c’est de cette manière qu’on pourra parler en réalité d’émergence.»
Aloys Onana