Doctorant en droit privé et sciences criminelles, l’homme de droit Christian Engo fait partie du collectif d’avocats mis en place par l’élite du département de la Vallée du Ntem. C’est lui le porte parole. Son verbe plaît aux siens, qui le trouvent « pertinent » chaque fois qu’il prend la parole. En rappel, le 8 août à Ambam lors de la réunion convoquée par Bouba Haman le préfet du département sus-indiqué, il a, à plusieurs reprises, été ovationné. La population estimant qu’il expose « parfaitement bien » leur problème.
C’est également lui le premier à réagir, après les actes du 14 août de Henri Eyébé Ayissi, ministre des Domaines, cadastre et affaires foncières. Dans une note parvenue à notre rédaction, l’homme de droit indique. “La décision du MINDCAF de suspendre les effets du contrat de concession provisoire est à saluer ainsi que la révocation de M. Kibong Hubert délégué départemental du MINDCAF dans la vallée du Ntem. Ces mesures administratives prouvent que le dossier d’expropriation sauvage des Ntoumou et Mvae est étudié attentivement par les pouvoirs publics.Toutefois, nous maintenons intégralement nos demandes d’annulation pure et simple de l’arrêté du 3 juillet 2012 et du décret du 11 août 2016. Nous exhortons le pouvoir exécutif à annuler cette procédure qui a déhumanisé les collectivités coutumières de la vallée du Ntem afin de restaurer l’ordre républicain”, indique Me Engo.
Qui ajoute. ” Force doit rester à la loi. Et dans le cas d’espèce, la loi a été violée tant sur le plan formel que substantiel. l’État ne saurai exproprier pour cause d’utilité publique pour céder par la suite des milliers d’hectares aux personnes morales de droit public.Cela est contraire à la lettre et à l’esprit de nos instruments normatifs. C’est grâce à ces terres de leurs ancêtres que les vallentemois vont atteindre l’émergence en 2035. Nous attendons l’annulation pure et simple des actes. Le reste là nous importe peu. Ces fonctionnaires sont quasiment les mêmes. »
En rappel, le 14 août 2020, le ministre des Domaines a pris deux décisions. La nomination de Constant Alexandre Koko, devenu le nouveau délégué départemental des Domaines dans la Vallée du Ntem, en remplacement de Hubert Kibong, et la suspension, jusqu’à nouvel avis, des effets du contrat de bail provisoire signé le 27 mai 2020 entre l’Etat du Cameroun et la Société Neo Industry.
Pour le porte parole du collectif d’avocats, « les titres fonciers ont été obtenus au nom de l’Etat, mais cédés à des particuliers, à des personnes morales de droit privé, c’est-à-dire à des hommes d’affaires ». Du coup, « sur le plan du droit nous avons initié le 16 juillet 2020 des recours gracieux préalables. Nous avons attaqué l’arrêté N°30258/Mincaf du 3 juillet 2012 qui déclarait d’utilité publique les travaux de construction d’une agro industrie et de logements dans la Vallée du Ntem, l’Océan et la Mvila. Nous avons également attaqué le décret du premier ministre N°3294/PM du 11 août 2016. Parce que ce décret est manifestement fondé sur un arrêté d’utilité publique devenu caduc. »
Aloys Onana