C’était à Abuja, dans le cadre de la 14e cérémonie de remise des diplômes de l’Université ouverte nationale du Nigéria (NOUN).
En dehors de ses innombrables nœuds papillon, le président en fin de mandant de la Banque africaine de développement (BAD) ne s’est pas distingué, en deux mandats, par des discours poignants ou des prises de positions fermes face à ce que certains appellent « l’impérialisme économique occidental. »
Mais à quelques semaines de la fin de son mandat -l’élection du nouveau président de la BAD aura lieu le 29 mai 2025 au cours de l’Assemblée annuelle du Conseil des gouverneurs – Akinwumi Adesina profite de la guerre commerciale imposée au reste du monde par Donald Trump pour envoyer ses pics aux dirigeants des pays africains. « Le temps de l’aide ou de l’argent à titre gratuit est révolu. Les pays africains doivent maintenant apprendre à se développer grâce à une discipline d’investissement. Les pays ne peuvent plus compter sur l’aide pour la croissance ou la considérer comme une partie des recettes publiques, comme cela a été le cas pendant des décennies. La bienveillance n’est pas une classe d’actifs. »
Depuis le début du mois d’avril, Donald Trump agite le chiffon rouge de la guerre commerciale, certes mis en berne pour 90 jours depuis le 11 avril. Mais, malgré ce stop temporaire, le patron sortant de la BAD fait sa lecture de cette situation qui pourrait avoir des répercutions dévastatrices sur le continent. « 47 des 54 pays africains ont été soumis à des droits de douane américains plus élevés. Les effets directs immédiats de ces tarifs sur les pays africains se traduiront par une réduction significative des exportations et de la disponibilité des devises. Cela provoquera d’autres ondes de choc dans les économies africaines »,
Une ébauche des ondes de choc. « Les monnaies locales s’affaibliront en raison de la réduction des recettes en devises. L’inflation augmentera en raison de la hausse des coûts des biens importés et de la dévaluation des monnaies par rapport au dollar américain. Le coût du service de la dette en tant que part des recettes publiques augmentera en raison de la baisse des recettes attendues », analyse Akinwumi Adesina.
Pour construire des économies résilientes, Adesina soutient que « l’Afrique doit tracer son avenir en s’appuyant non pas sur la bienveillance des autres, mais sur sa propre détermination à être autonome, à nouer des alliances fiables, à tirer parti des opportunités offertes par la dynamique mondiale, tout en plaçant l’Afrique au premier plan. Ce n’est qu’à cette condition que l’Afrique redeviendra grande ! »
Aux leaders politiques suprêmes qui fustigent la fin de l’USAID, un message leur est destiné. « Le récent démantèlement de l’agence officielle des États-Unis consacrée à l’aide au développement et les mesures anti-subventions similaires dans d’autres parties de l’Europe signifient que les anciens modèles de développement sur lesquels l’Afrique s’est toujours appuyée ne fonctionneront plus. »
Du pétrole au bois en passant par le cacao, le café etc. les pays africains, surtout subsahariens ne transforment rien, ou si peu. Le patron sortant de la BAD leur dit ceci. « L’exportation de matières premières est la porte ouverte à la pauvreté. L’exportation de produits à valeur ajoutée est l’autoroute de la richesse. Et l’Afrique en a assez d’être pauvre ! L’Afrique doit mettre fin à l’exportation de ses matières premières.» « L’Afrique peut être compétitive dans ces chaînes de valeur mondiales. Elle doit s’éloigner de l’exportation de minerais bruts et se tourner vers la transformation et la valeur ajoutée afin de bénéficier des rendements élevés au sommet des chaînes de valeur mondiales. »
Aloys Onana